Les deux grands frères
Travaillant en tant qu’aide-soignant en gériatrie, un jour nous avons reçu un vieux monsieur de corpulence massive et très lourdaud ; Il m’a raconté qu’étant enfant, vers peut être trois ou quatre ans il se rappelait que pendant une permission, ses deux grands frères étaient venus de Verdun où ils étaient affectés… Et lui de me raconter sa joie au souvenir que ces deux grands frères, ils se l’envoyaient de bras en bras sous ses rires d’enfant…. Il était heureux de me confier ce très beau souvenir ; les uniformes qui l’avaient subjugués et ce plein d’amour de ces deux grands aînés pour leur petit bambin – Puis le retour au tranchées les rappela… Un peu plus tard on raconta à ce petit enfant qu’il ne reverrait plus ses deux frères , ceux là étaient morts à Verdun … Et moi j’étais là devant ce vieux monsieur lourd , énorme de corpulence au point que ses pieds dépassaient du lit …devant cet homme qui attendait la mort dans ses délires…- le petit enfant était encore là ! – Il m’a laissé ce témoignage dont j’étais le seul dépositaire, longtemps il est resté dans mon cœur , aujourd’hui je vous l’offre.
Un autre jour c’était exactement en l’an 2000, j’étais dans le même hôpital chargé de faire manger une femme qui venait de fêter son centième anniversaire – Curieux que j’étais de tout le passé qu’elle représentait pour moi et pour l’histoire, je lui demandais s’il lui restait des souvenirs de cette période de la première guerre mondiale ; alors toute souriante, elle me dit que celui qui l’avait le plus fortement marqué étant le jour de la capitulation de l’Allemagne – Elle m’évoqua l’atmosphère qui régnait un peu partout jusque dans les rues – Les grandes personnes avaient mis dans les cheveux des petites filles pleins de petits rubans bleu, blanc, rouge… que le climat était enivrant et que tout le monde voulait s’embrasser –
Christian.B
Côtoyer la mort
Au début des années 1980, j’ai eu la rare et unique chance de recevoir le témoignage d’un poilu âgé à l’époque de 94 ans. Ce souvenir quoique seulement oral est resté imprégné dans ma mémoire pour les faits les plus marquants et je me permets de vous le livrer en essayant de respecter au plus prés le récit de mon illustre poilu. La date et le lieu ne me reviennent pas même si ce poilu m’a expliqué se trouver dans l’aisne à l’époque du récit qui suit :
« Nous étions retranchés à couvert dans un fossé et nous avions en face de nous la garde impériale. Brusquement nous avons vu la garde sortir des tranchées avec des drapeaux blancs mais avec toutes leurs armes. Aussitôt, nous sommes remontés en haut du fossé avec une confiance toute relative. Les allemands se sont approchés à quelques dizaines de mètres de nous et brusquement se sont mis à nous tirer dessus: j’ai aussitôt reçu une ou plusieurs balles de fusil et j’ai dévalé le talus jusqu’au bas du fossé… là, les allemands m’ont jeté une grenade qui a explosé à proximité, je me suis évanoui. Lorsque les brancardiers français sont arrivés, ils m’ont remué du bout de leurs chaussures et j’ai entendu l’un d’eux dire: « celui-là il est mort ». J’ai commencé à gémir : c’est comme cela que j’ai pu être évacué. »
Ce poilu n’a fait ce jour là que côtoyer la mort. Il a reçu 24 blessures liées aux éclats de grenade et aux coups de fusil et m’a dit qu’il conservait dans le corps encore quelques morceaux de ferraille. Je me souviendrai toujours de cette silhouette frêle , voutée, de petite taille et tourmentée par ces anciennes blessures mais qui cachait une robustesse à toute épreuve et quelle épreuve .Quiconque n’aurait pu deviner un quelconque signe belliqueux ou vengeur de la part de cet homme qui a subit les événements sans rechigner comme des millions d’autres.
Jacques.D
Un jour de chance
Je suis envoyé avec quelques autres soldats en position avancée , sur une maisonnette isolée, pour observer des mouvements de l’ennemie , le temps passe, nous ne voyons rien , nous a-t-on oublié ? nous décidons de revenir prendre les ordres , on nous renvoie aussitôt où nous étions avec ordre de n’en pas bouger ! quand nous arrivons à la maisonnette il n’y a plus rien qu’un tas de ruine , un obus l’a rasée ! nous nous installons au beau milieu ! un obus ne tombe jamais deux fois au même endroit parait il !
Anselme Martin
L’assaut
L’attaque est prévue en fin de matinée il y aura une préparation d’artillerie avant, on commence à distribuer de l’alcool aux hommes dans les tranchées de 1ere ligne, les hommes sont ivres,ils n’attendent pas , montent à l’assaut…c’est un carnage! devant moi un homme au sol hurle il n’a plus de jambes !
Anselme Martin
Le cheval
Nous sommes en patrouille , il fait chaud, c’est l’été, nous longeons un petit cours d’eau, nous avons soif…on remplit les gourdes d’eau et nous nous abreuvons…en remontant le ruisseau non loin de là nous trouvons un cheval mort éventré par un obus, couché en travers de l’eau…
Anselme Martin
La marre à purin
Nous sommes au repos dans une cour de ferme, soudain le sifflement caractéristique d’un obus qui nous arrive dessus, nous plongeons tous au sol…moi c’était la marre à purin !
Anselme Martin
Les tranchées
Il y a des cadavres partout…les obus tombent et les recouvrent de terre, d’autres les exhument de nouveau …si on veut creuser un peu pour se protéger, on tombe immédiatement sur des morts…partout l’odeur est horrible.
Anselme Martin
La peur
Tout ce qui est mort devient indiffèrent, s’attendrir serait s’affaiblir.
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Le massacre
J’étais aux zouaves, une fois nous étions trois mitrailleuses embusquées derrière des troncs d’arbres , à la lisière d’une forêt, sur une petite hauteur. Nous avons tiré jusqu’à la gauche sur des bataillons qui débouchaient à quatre cents mètres. Un coup de surprise. C’était effrayant. Les Boches, affolés, ne pouvaient pas se dégager de notre barrage, les corps s’entassaient les uns sur les autres. Nos servants tremblaient et voulaient se sauver. Nous avions peur à force de tuer !
Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante
Petit déjeuner
Vers sept heure du matin, nous recevons du café, du vin gelé qui tinte dans les bidons et des boules de pain durcies, qu’on ne pouvait entamer qu’à la hache.
Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante
Après l’assaut
On s’est trainé de trou en trou en rampant et en sautant par-dessus les cadavres… « on marchait dans la viande » !
Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante
La peur
J’ai eu faim sans avoir à manger, soif sans avoir à boire, sommeil sans pouvoir dormir, froid sans pouvoir me réchauffer, et des poux sans pouvoir toujours me gratter…voila !
C’est tout…?
Non ce n’est rien , je vais vous dire la grande occupation de la guerre, la seule qui compte : J’AI EU PEUR.
Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante
Artillerie
Je me trouve maintenant à l’arrière de notre petite colonne… Deux détonations au loin, sur la gauche : deux départs. Est-ce pour nous ? trois secondes d’attente… deux sifflements, c’est bien pour nous ! Ran ! Ran ! attention aux éclats…réflexe : des 77 . Ils n’ont pas tapé loin ! Deux autres. Des gros…. Nous plongeons. Rrran ! Rrran ! 105 fusants. Les shrapnells claquent autour de nous. deux nuages noirs sur nos têtes.
(Gabriel Chevallier, La peur. éditions: Le Dilettante)
Verdun
Nous nous savons complètement contournés par la droite, mais nous vendons chèrement notre peau, les mauvais tireurs chargent les fusils, les autres tirent sans répit, j’ai trois fusils brisés dans les mains et je brûle 300 cartouches ! les armes chauffent tellement que nous devons pisser dessus ! Après deux heures et demie d’une lutte acharnée, nous n’avons plus de cartouches et les Allemands nous entourent. Baïonnettes au canon, nous essayons de regagner les lignes du 65ème .
« L’ouest dans la grande guerre » éditions : Ouest France
Prisonniers
De leur coté les combattants allemands de Verdun ne manifestent pas une moindre confiance, « les prisonniers que nous interrogeons se déclarent saoulés de gloire.
Henri Tardif
Nous perdons le village de Douaumont
Le 1er mars … journée calme , disent les relations officielles …/… tant que durera la bataille de Verdun, aucune journée ne sera calme, les meilleures journées de Verdun pourront être comparées sinon aux pires des autres secteurs, du moins aux très mauvaises !
2 mars
Un bombardement très violent est déclenché par les Allemands sur le front Douaumont, Vaux, beaucoup d’obus sont toxiques !
Sur le front du 418e, les vagues poussent les vagues, les Allemands sont littéralement fauchés pars les fusils et les mitrailleuses
L’acharnement de cette attaque fut tel que 7 fantassins allemands se firent tuer l’un derrière l’autre au point même de la ligne où se brisaient successivement les vagues .
P.Héricourt, lieutenant au 418 RI
Trous d’obus
Il faut rester allongés ou en boule au fond de notre trou …/… celui qui dans le jour est pris de coliques fait ses besoins dans son mouchoir en position couchée et jette cela ensuite du côté des cadavres. Du fait que je suis tout près de l’entonnoir de mine, je puis regarder dedans… Quel spectacle !! des cadavres partout, il en est dont les jambes sortent de terre, d’autres dont c’est la tête, on en voit qui ont une moitié du corps déchiquetée, plusieurs n’ont plus de vêtements et leur chair toute noire s’en va en lambeaux, crânes, tibia, ossements de toutes sortent se mêlent.
Albert Jamet, caporal 29 RI
Les obus tombent dur
Les obus tombent dur. Une fois, j’attrape une grêle de shrapnells sur le dos ; heureusement qu’il [l’obus] avait éclaté un peu trop haut et ils ne me font pas de mal.
Léopold Noé, Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc », 1980.
Les obus nous suivent, marmites et shrapnells
Les obus nous suivent, marmites et shrapnells. Trois fois, je me suis trouvé en pleine gerbe d’un shrapnell, les balles de plomb criblant la terre autour de moi, fêlant des têtes, trouant des pieds ou crevant des gamelles.
Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points »
Singe
Il me tend le singe et dit : Sers toi. Je prends ma part de la pointe du couteau et la pose sur un biscuit; je lui repasse la boîte, il se sert à son tour et tous les copains de l’escouade se servent aussi. La bouche pleine, je mâche interminablement pour ne pas avaler et je les regarde. Quelques-uns font semblant de manger, mais la plupart se nourrissent de bon cœur. Ils goûtent, en effet, une des joies marquantes de leur vie toute physique. Avant la guerre, la joie du corps était beaucoup pour eux; maintenant elle est tout.
Jean Bernier, La Percée. Roman d’un fantassin 1914-1915, Paris, Agone
Musettes farcies
Les musettes farcies d’indigestes biscuits et de boîtes de « singe », le tout pour trois jours !
Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte
Torpille
La torpille est un engin dont la portée varie de 200 à 1000 mètres selon le calibre, et se tire comme un obusier, sous un angle très court. Elle consiste en une mince enveloppe renfermant une énorme charge de mélinite . Elle est de forme allongée et munie d’une queue et d’ailes. La queue seule s’enfonce à l’intérieur de la pièce et repose sur la charge de poudre qui la projette. Les ailes sont pour donner la direction. Chez nous, nous en avions de 18, 40 et 100 kilos. Les Boches en avaient d’un kilo qu’ils lançaient comme des grenades. La torpille marche lentement. En entendant le coup du départ de la pièce, on peut la voir monter presque à angle droit, et on l’entend grâce au bruit particulier que font ses ailes en tournant. En déterminant son point de chute, on peut avoir le temps de se garer. Elle est généralement à fusée retardée et s’enfonce profondément en terre où elle éclate avec un bruit épouvantable et surtout démoralisant en faisant des cratères énormes. Elle est surtout employée pour la destruction des ouvrages, abris ou tranchées.
C’est à Craonne, sur le plateau, Journal de route 1914-15-16-17-18-19 de Xavier Chaïla, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc », Vosges, août 1916
Une tête dans le boyau
J’entendis arriver une grosse marmite qui me parut m’être destinée. Je piquai une tête dans le boyau, tête première. Il était temps, elle éclata derrière moi, sur le parapet, me couvrant de terre et de débris.
Xavier Chaïla, C’est à Craonne, sur le plateau. Journal de route 1914-1919, Carcassonne, F.A.O.L.
Une marmite
Une marmite s’est écrasée sur le parapet, enterrant mes fusées, brisant un fusil-mitrailleur, blessant plusieurs hommes. Les autres se disent commotionnés, ils sont surtout abrutis, apeurés.
Jean-Pierre Biscay, Témoignage sur la guerre 1914-1918 par un chef de section, Montpellier, Causse
Fusant
On ne les entend pas venir, ces fusants. Je regardais un de mes poilus qui bourrait sa pipe lorsque deux autres ont explosé sur nous : le sifflement, la grimace de l’homme et le plongeon qu’il a fait, la grêle des balles dans les branches, tout s’est confondu en une seule impression d’attaque imprévisible et méchante. C’est trop rapide, le réflexe qu’on a pour se protéger se déclenche trop tard. L’obus qui a sifflé de loin n’atteint pas. Mais celui qui tombe sans dire gare, celui-là est dangereux et effraye; les mains restent fébriles longtemps encore après l’explosion.
Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, Seuil, coll « Points »
Je suis blessé !
L’obus vient d’éclater là, à ma droite, j’ai reçu à la tête un coup qui me laisse étourdi, j’ai retiré ensanglantée la main que j’avais portée à ma figure…je dois avoir un trou dans la joue…je suis entouré de sifflements, d’éclatements, de fumée, des soldats me bousculent en hurlant, la folie dans les yeux et je vois une trainée de sang…quelque chose se détache de moi et tombe à mes pieds : un morceaux de chair rouge et flasque, est ce de ma chair ? ma main remonte avec horreur…rien, alors je comprends : l’obus a déchiqueté un homme et m’a appliqué sur la joue ce cataplasme humain…
Gabriel Chevallier, La peur. éditions : Le Dilettante
Le repli
Les boches sont à cinq cents mètres de l’autre coté, nous voyons revenir nos fantassins, les obus tombent et en tuent beaucoup, un jeune aspirant est tué au moment où il sautait à coté de moi dans la tranchée, son sang coule sur moi, je suis tout rouge…!
Paroles de Poilus; France bleue, Librio
Avant l’attaque
Tout d’un coup, rrran…an….! Je suis jeté à terre, bousculé, couvert de terre, un obus vient d’éclater sur le parapet au dessus de moi, je crois d’abord être mort…..mais je sens le sang chaud qui coule sur ma face, je lève mon casque, j’ai un trou à la tête, à coté de moi un zouave a été tué et six autres blessés.
Paroles de Poilus; France bleue, Librio
Pendant l’attaque
Tout d’un coup une violente décharge , les deux hommes qui étaient à coté de moi tombent en hurlant, la tranchée est devant nous hérissée de fil de fer, nous nous couchons et nous commençons à creuser des trous pour nous abriter face à la tranchée ennemie, j’entends mon blessé qui crie : » mon caporal, mon caporal, emportez moi, pour ma femme, pour mes enfants, je vous en supplie.
Paroles de Poilus; France bleue, Librio
Les frères
Pour tirer plus juste nous montons sur le talus de la tranchée, mais leurs bombes tombent toujours, et c’est terrible de voir les camarades hachés, je suis tout couvert de sang, Camille à coté de moi tire sans arrêter ainsi que tous les autres qui restent debout, quand là, malheur,…mon frère tombe à la renverse dans mes bras, il vient de recevoir une balle dans la tête, je le panse de suite, hélas, il n’a pas souffert, il avait un trou gros comme un œuf et j’étais tout couvert de cervelle, ah ! le malheureux ! je me suis mis à creuser un trou derrière la tranchée et là, je l’ai enterré avec ma petite croix et une prière de fou, car, à ce moment là je n’étais plus en moi !
Paroles de Poilus; France bleue, Librio
Combine
Au début du conflit, la dotation réglementaire comprenait un bidon d’un litre, ce bidon destiné au vin semblant de taille trop réduite, des petits malins tirèrent une cartouche de fusil à blanc dans le dit bidon, pour en dilater le métal et en augmenter la contenance.
Charles Péguy
Péguy
Le samedi 5 septembre 1914 , le bataillon de Péguy s’élança à l’assaut baïonnette au canon sur un espace de près de 3 km, assaut caractéristique de 1914, en souvenir de Napoléon, l’assaut fut arrêté par les feux des fantassins allemands ; Péguy ordonna à ses hommes de se coucher, de s’abriter derrière leur sac et de tirer à volonté; En moins d’une heure la 19eme compagnie allait perdre 3 officiers et plus de 150 hommes; Cependant le lieutenant Péguy est toujours debout, devant les cris et les appels des blessés qui se font de plus en plus angoissés et pressants, il hurle avec une énergie rageuse : « Tirez! Tirez Nom de Dieu !!! » Certains hommes lui crient qu’ils n’ont plus de sac , qu’ils vont tous y passer; Mais Péguy, lui, va et vient la lorgnette à la main, il reste debout près de ses hommes , se porte à leur alignement, leur désigne les ennemis à viser; Soudain une balle atteint Péguy au front sur le coté gauche, il s’écroule d’un coup sur le flanc en murmurant » Ahh ! Mon Dieu ! Mes enfants !
Charles Péguy
Les fusiliers marins bretons de la brigade Ronarc’h
L’amiral Ronarc’h et ses 6 000 fusiliers marins , bretons pour la plupart, ont exécuté une mission des plus glorieuse à Dixmude , Belgique, en tenant les rives de l’Yser du 20 octobre au 16 novembre, et en perdant près de 75 % de son effectif.
Les soldats du génie belge ont ouvert les portes des écluses de Nieuport, désormais les eaux du bassin de l’Yser inonderont toutes les terres formant un lac de plus de 100 kms, où flottent les cadavres et les débris de la bataille, on ne se bat plus au canon, à la mitrailleuse et au fusil; la baïonnette et le couteau sont devenus les armes de cette indescriptible mêlée; des statues de boue s’affrontent dans un paysage où le sang n’a plus de couleur.
1914: 20 octobre : début de la bataille de Dixmude, 25 octobre : infiltration allemande dans les faubourgs, 26 octobre : bombardement allemand sur Dixmude, 27 octobre : ouverture des écluses de Nieuport, 29 octobre : les Allemands tentent de s’emparer des remblais de la voie ferrée, 1er novembre: les Allemands repassent l’Yser abandonnant leur matériel, 7 novembre : les Allemands pilonnent le cimetière de Dixmude, nuit du 9 au 10 octobre : les Allemands lancent une attaque sur le triangle Dixmude-Caesekerke-Saint Jean Capelle, ils réussissent à conquérir Dixmude mais pas les rives de l’Yser, 16 novembre : les fusiliers marins sont relevés et gagnent Dunkerque.
Le champ de bataille
Je monte sur la banquette de tir et regarde ce morceau de terrain entre nos premières lignes : maintes fois retourné, jonché de bois et de fils de fer barbelés auquel sont restés accrochés des morceaux d’étoffe bleue, rouge ou grise, de corps sur lesquels courent d’énormes rats, se posent des oiseaux qui repartent avec des morceaux de chair humaine.
« Les blessures de l’âme » d’Eric Viot, société des écrivains
La boue
La boue s’infiltre partout, nous sommes en permanence couvert de ce liquide marron clair, nos godillots, nos poches, nos sacs en sont remplis…..quel enfer. Nos pieds nous font terriblement souffrir, à baigner pendant des jours et des nuits dans cette boue, ils finissent par pourrir. Certains hommes ne peuvent plus marcher.
« Les blessures de l’âme » d’Eric Viot, société des écrivains
Après l’assaut
Tout notre régiment s’est replié, il est 8 heures et cette première offensive est un échec, nous n’avons rien gagné et perdu beaucoup d’hommes…./…. Moment pathétique, que l’appel des hommes, quand à la suite du nom, un grand silence remplace le « présent » .
« Les blessures de l’âme » d’Eric Viot, société des écrivains