Dès les premiers combats d’août 1914, les pertes sont élevées et le ministère de la Guerre, les services de Santé, la Croix-Rouge créent ensemble 1500 hôpitaux auxiliaires. Une jeune femme de la bourgeoisie lyonnaise se demande comment elle pourrait servir son pays envahi par les « Prussiens » : « Je sentis plus que jamais le besoin de me dévouer et de faire quelque chose » écrit-elle sur un cahier d’écolier. Elle est recrutée comme infirmière bénévole à l’hospice de Meximieux, dans l’Ain, devenu hôpital militaire n°9, puis au lycée de garçons Ozanam de Lyon, hôpital n°21. Elle a la bonne idée de tenir de septembre 1914 à fin décembre 1918 un journal quotidien car tout l’étonne dans ce métier nouveau pour elle : le brassage des Poilus venus de toutes la Franc e et de l’Empire, la pharmacopée où se mêlent le vin aromatisé ou la pommade des Reclus et le Dakin qui vient d’être inventé, les prothèses de plus en plus élaborées pour les blessés, les concerts caritatifs et les loisirs dans les hôpitaux, les pénuries alimentaires, l’accueil des prisonniers et des réfugiés, les visites aux blessés, les relations avec les infirmiers et les brancardiers, etc. La figure héroïque du Poilu, les pieds dans la boue de sa tranchée, s’enrichit d’une autre réalité sous la plume bienveillante de Séraphine. « Le médecin soigne les blessures. Nous, nous soignons les hommes. » écrit-elle.
Le Journal de Séraphine Pommier, infirmière pendant la Grande Guerre (1914-1918) a été réalisé à partir de 1800 pages de cahiers d’écolier desquelles ont été extraites et annotées quelque 300 pages, illustrées de 19 croquis de sa main et de 10 photos qu’elle a prises.