PARUIT Germaine

Voici quelques extraits des cahiers tenus jours après jours par une adolescente de 14 ans entre 1914 et 1918 à Sedan, alors occupé par les Allemands…une mine d’informations… Vous pourrez consulter l’intégralité des documents en allant sur le lien situé en bas de page.

Mercredi 29 Juillet 1914

Le Président de la République, Monsieur Raymond POINCARE, ayant abrégé son voyage en RUSSIE à cause de la gravité des événements, revient en France. A la traversée de la Mer du Nord sur le bateau « FRANCE », le Président a été salué par un torpilleur allemand de 21 coups de canon, auxquels le « FRANCE » a répondu coup pour coup. Il débarque à DUNKERQUE au milieu des acclamations de la foule. A PARIS, règne un grand enthousiasme à l’arrivée du Chef d’Etat. On crie sur son passage « Vive la FRANCE » ! Vive l’Armée ! Vive la RUSSIE ! Vive l’ANGLETERRE !
Concert au jardin botanique le soir, par le 147° d’Infanterie.

Mercredi 5 Août 1914

A 6 heures du matin, 2 aéroplanes passent sur SEDAN.
A 10 heures, un homme enlève l’affiche de chez Deutsch : « Café de la Croix de Malte – Deutsch ».
Régiments qui sont passés dans la Grand Rue l’après-midi :
6°, 2°, 19°, 22°, 23°, 29°, 32° Dragons, 1° 2° Cuirassiers (avec leurs cuirasses) de PARIS, 13° Artillerie et un autre régiment d’artillerie, 8° Génie, 26° Chasseurs à pied et un autre régiment de chasseurs à pied, une compagnie cycliste du 26° Chasseurs à pied (un malade), arrivés à 9 heures du soir Place Turenne.
A 10 heures du soir, une motocyclette conduite par un militaire, passait sur le Pont de Torcy sans s’arrêter. Les soldats, sur l’ordre d’un officier : « Arrêtez-le », s’élancent sur sa machine et l’arrêtent. Le militaire a été obligé de montrer ses papiers; il fut mis en joue par un Dragon parce qu’il ne s’arrêtait pas. Il faut un sauf-conduit pour aller de SEDAN à BALAN. Une sentinelle défend aux promeneurs de s’approcher de la Mairie.
Le gouvernement belge envoie un ordre aux départements français pour faire connaître aux sujets belges. Par cet ordre, la BELGIQUE mobilise les classes depuis 1897.
Pluies. Grand orage le soir.

Lundi 21 Septembre 1914

La journée est calme. Nous voyons passer un aéroplane allemand sur un camion ainsi que des forges. Nous faisons de la broderie toute la journée. Papa est otage de 6 heures du soir à demain 6 heures du matin.

Mardi 1er Février 1916

En allant à l’enterrement de la grand-mère de Madeleine CHARBONNET, maman a rencontré des Russes, une femme qui sortait d’une boulangerie avec son pain, est passée près d’eux, elle s’est si bien arrangée qu’elle est passée derrière un Russe sans que la sentinelle le voie, le Russe a tendu sa main dans son dos, et a pris prestement le pain qu’elle lui donnait, après quoi il s’est mis à rire, le Boche se retourna, mais il n’avait pas vu le manège.
Des zeppelins sont allés au dessus de PARIS (15 ou 20 victimes), sur DUNKERQUE, en réponse aux bombes lancées sur FRIBOURG..
Il paraît qu’un souterrain du Louvre de PARIS a été incendié par accident, que les magasins réunis de NANCY sont brûlés par des bombes.
Canon très fort : direction ouest-nord-ouest : Somme, Aisne.
Arrivée de blessés allemands.

Dimanche 13 Août 1916

Pétarade cette nuit. Pendant au moins 3/4 d’h, canon-revolver. Je n’ai pas peur.
Papa va à la pêche et rapporte environ 4 livres 1/2 de poisson. Pluie.

Vendredi 15 Décembre 1916

Je reste couchée toute la journée, j’ai la grippe
Il faut déclarer toutes les poules et les coqs.

Vendredi 12 Janvier 1917

L’histoire des Roumains a provoqué de nombreuses amendes :
Mr le Docteur WILFROY : 50 Marks pour leur avoir serré la main. Mme BACKES : 80 M pour avoir donné des pommes. Mme GUINOT : 100 M pour avoir craché. Mr GIRARD : 50 M pour son pain. Mme RAISON : 50 M pour le pain. Mme DORIGNY: 50 M. Mlle DORIGNY : 50 M. leur femme de ménage : 50 M. accusées d’avoir donné du pain, quand, en réalité, elles n’ont rien donné. Le garçon boulanger de chez PIRARD : 25 jours de prison. Il paraît que tous ces gens se sont moqués des Allemands en allant porter leur amende. (Heureusement que nous n’avons pas été pris, nous aurions eu quelque chose tous les 4..)
Mon corsage en laine blanche est fini.
Défense de pêcher.

Mercredi 20 Novembre 1918

Toute la journée, je vais du bureau à la chambre de parrain pour porter l’argent des souscripteurs de l’Emprunt, et faire signer à parrain les pièces nécessaires.
Il vient beaucoup de monde, on voit que l’on est victorieux, l’argent sort facilement des réserves que l’on conservait par crainte de plus mauvais jours.

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